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Absence de désir. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 69.



LEVER LES OBSTACLES TRAUMATIQUES POUR RETROUVER LE DÉSIR.
Dossier Thérapie du Lien


Absence de désir. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 69.
Je rencontre Gérard et Marlène lors d’une consultation de couple. Je vais vous présenter à travers cette rencontre la mise en pratique d’une trithérapie : hypnose, TLMR*, thérapie narrative, au service du couple dans sa sexualité.

Gérard est âgé de 75 ans, veuf depuis plusieurs années, papa de trois grands enfants, il est à la retraite du métier de journaliste. Marlène a 67 ans, elle est divorcée d’un agriculteur, est mère de trois grands enfants également, elle a travaillé en tant que collaboratrice dans l’exploitation agricole avec son ex-mari, puis à l’ADMR comme aide à la personne après son divorce. Gérard et Marlène sont en couple depuis six ans maintenant; ils ne vivent pas ensemble mais habitent dans la même commune. Ils disent rencontrer des difficultés sexuelles au sein d’une relation de couple qu’ils décrivent comme « bonne » : Gérard aime toujours découvrir de nouvelles choses et rencontrer d’autres personnes, tandis que Marlène dit préférer de longs moments tranquilles chez elle où elle aime s’occuper de son jardin. Ils apprécient voyager dans la région, à la campagne, dans la nature à la rencontre de nouveaux espaces et de nouvelles rencontres au gré des parcours. Cela semble réunir leurs goûts respectifs et leur permettre de partager de bons moments ensemble. Je leur demande de me décrire quelle est leur problématique sexuelle : Gérard dit présenter un problème de dysérection pris en charge avec un traitement par Viagra 50 mg lors des relations sexuelles. Le coït est alors possible, mais ce contexte de prise de Viagra quelques instants avant le rapport sexuel gêne « psychologiquement » sa partenaire et la pénétration est rare ou non satisfaisante pour les deux. Il se plaint également d’un problème d’éjaculation précoce, présent depuis le début de sa vie sexuelle. Il dira que ce facteur est pour eux un obstacle supplémentaire au bon déroulement de leur sexualité. Il soulignera ultérieurement dans une consultation individuelle qu’il n’a jamais aperçu Marlène nue depuis leur rencontre, que les rapprochements ou relations sexuelles se sont toujours passés dans le noir. « Marlène avait dès le début de notre relation posé ses bases dans la sexualité : pas de relation sexuelle le matin ni pendant les siestes l’après-midi ! »

Quant à Marlène, elle dit présenter une absence totale de désir sexuel et a du mal à se connecter au désir sexuel régulièrement présent chez son compagnon qui, dit-elle, « a quand même 75 ans ! Même la nature lui donne des signes (la dysérection) comme quoi il faut passer à autre chose désormais ».

Après avoir exposé des généralités sur la sexualité, son évolution dans le temps et les différences de sensibilité homme/ femme dans la relation sexuelle, je propose à Gérard de revoir sa prescription de Viagra auprès de son médecin généraliste (Viagra pris « au coup par coup », si je puis m’autoriser l’expression, pris uniquement 1 heure avant chaque relation sexuelle) afin de s’orienter plutôt en remplacement vers une prise quotidienne de Cyalis 5 mg : ceci ayant pour but de libérer le couple de cette contrainte d’anticipation lors des relations sexuelles, ce qui semble déjà d’emblée mieux convenir à Marlène et l’apaiser. Par ailleurs, Madame m’interpelle discrètement sur : « Est-ce que si on a pu vivre dans notre vie de couple antérieure des choses difficiles, cela peut influencer notre nouvelle relation ? » D’autant plus alertée par cette remarque, je leur propose dans un premier temps de les revoir séparément afin de leur permettre de travailler chacun en amont sur leur problème sexuel propre. Ceci avant de reprogrammer ultérieurement une consultation de couple.

DANS CETTE DEUXIÈME PARTIE, JE CHOISIS DE VOUS PARTAGER LA RENCONTRE AVEC MARLÈNE

Marlène arrive à cette consultation avec 10 minutes de retard, essoufflée... Elle s’installe sur la chaise où elle était déjà installée lors de la consultation avec Gérard, chaise la plus éloignée de mon fauteuil, contre le mur derrière son dos et la porte-fenêtre sur sa gauche. Je lui demande si elle est bien installée ? Elle me dit chercher un endroit non ensoleillé, à l’ombre : il n’est pourtant que 10 heures du matin et nous sommes au mois d’octobre, la pièce présente d’autres emplacements plus proches de moi et à l’ombre... Au bout de quelques brefs échanges, je lui propose qu’on puisse se rapprocher afin de mieux pouvoir l’aider dans ce travail ; elle accepte une chaise à l’ombre, plus près de moi. Elle me dit qu’elle a chaud, je lui propose d’entrouvrir la baie vitrée afin qu’elle se sente tout à fait bien pour ce travail. Je reprends ce que j’ai entendu lors du premier rendez-vous fait avec son compagnon, puis la conversation s’installe :
- Thérapeuthe : « Comment dans cette situation pour laquelle vous êtes venue me voir avec Gérard puis-je vous être utile aujourd’hui, là maintenant, où nous nous retrouvons ensemble toutes les deux ?
- Marlène : D’abord, moi je ne viens que parce que c’est l’idée de Gérard... Moi je n’ai pas besoin... comment vous dire ça ?... moi ça ne me manque pas tout ça. C’est lui qui a envie... moi c’est pas nécessaire.
- Th. : Pour que je comprenne bien, ce “ça” c’est quoi Marlène ?
- M. : La sexualité, les rapports sexuels, moi j’ai plus envie... comment vous dire ça ?... je peux m’en passer, ça ne me dérange pas.
- Th. : Si je comprends bien, vous voulez me dire que finalement tout ça c’est du passé, et que maintenant que vous avez 67 ans, que vous êtes ménopausée, que vous avez eu vos enfants, comme beaucoup de femmes cela ne vous intéresse plus, vous avez comme qui dirait jeté la clef dans le lac !
- M. : Oui, c’est ça ! (elle rigole).
- Th. : Oui, et puis tout ça, ça ne vous manque pas et puis ça peut rester comme ça jusqu’à vos 95 ans, ça vous convient !
- M. (elle rigole) : Enfin, peut-être pas 95 ans ! Je les ai pas encore et peut-être que j’y arriverai jamais, quoique ma mère a 99 ans.
- Th. : Ah ! alors vous avez de très bons gènes, je vois... et de bonnes chances d’arriver jusqu’à 95 ans. Voire davantage... et cela vous convient tout à fait, si je comprends bien, de ne plus avoir de rapports sexuels jusqu’à vos 95 ans, voire jusqu’à votre mort ?
- M. :Ah, non ! parce que je sens bien que pour Gérard c’est compliqué, ça lui manque.
- Th. : Et quand vous me dites “non, ça ne me convient pas, parce que pour Gérard c’est compliqué”, comment je peux vous aider, VOUS Marlène dans ce problème ? De quoi vous auriez besoin ?
- M. : Bah, je sais pas justement, parce que j’ai plus envie. Moi ça me va bien comme ça, lui ça ne lui convient pas et voilà, je sais pas comment faire.
- Th. : Je ne sais pas comment faire quoi ?
- M. : Eh bien je ne sais pas comment faire avec ça : j’ai plus envie !
- Th. : OK Marlène. Quand vous me dites “j’ai plus envie”, c’est “j’ai pas de désir sexuel”, c’est bien ça ?
- M. : Oui, c’est ça, je sais pas comment faire ?
- Th. : Comment faire quoi ?
- M. : Eh bien pour avoir du désir sexuel !
- Th. : Avoir du désir sexuel, c’est ça Marlène que vous voulez ?
- M. : Oui, c’est ça, j’aimerais ressentir du désir sexuel.
- Th. : Ressentir du désir sexuel, c’est quelque chose que vous avez déjà vécu ?
- M. : Oui, quand j’étais jeune.
- Th. : OK Marlène. Est-ce que je peux vous proposer une petite expérience ?
- M. : Oui, bien sûr, je suis là pour ça. »
- Th. : « Cette expérience est un peu étrange. Imaginez Marlène... que j’ai une baguette magique, là dans ma main... et cette baguette magique lorsque je l’utilise... a le pouvoir de vous donner du désir... imaginez que là... je la prends et l’utilise vers vous, là maintenant (j’accompagne le geste à la parole, je dirige la baguette dans sa direction)... et là comme par miracle “désir” est entré en vous ! Désir est en vous là maintenant, présent à 80 pour 100... et Gérard lui aussi a ce désir présent, au moins à 60 pour 100... qu’est-ce que ce désir, là, en vous, va vous permettre de faire ? Qu’estce que ça va changer pour vous Marlène ?
- M. : Ça va me permettre d’être plus active dans l’avant de la relation sexuelle.
- Th. : Si je comprends bien Marlène, “ça va me permettre d’être plus active dans les préliminaires” ?
- M. : Oui, c’est ça.
- Th. : Et être plus active dans les préliminaires, ça va prendre quelle forme pour vous Marlène ?
- M. : Eh bien actuellement, il n’y en a pas de préliminaires, car comme je vous l’ai dit, quand il prend son truc pour l’érection, le Viagra, eh bien moi ça me coupe tout, j’ai plus envie, je me sens obligée...
- Th. : Et quand Marlène vous me dites “les préliminaires y en a plus parce que quand il prend son truc, le Viagra, pour avoir une érection, là je sais qu’il va falloir y aller, je me sens obligée”... OBLIGÉE, Marlène, c’est quelque chose que vous avez déjà vécu, “obligée”, dans la sexualité ?
- M. : Oui... avec mon ex-mari... il me forçait avec sa main en la mettant partout sur moi et j’ai fini par toujours dire non et ça m’a conduit au divorce. Ça c’est sûr !
- Th. : C’est OK pour vous Marlène qu’on puisse travailler là-dessus pour mieux pouvoir vous aider là maintenant ?
- M. : Oui, bien sûr !
- Th. : Très bien, merci Marlène. Alors je vais vous proposer (je mets ma main devant elle comme un écran) de faire venir là maintenant, sur l’écran, le premier souvenir de la scène sexuelle avec votre ex-mari où “FORCÉE” est là. Marlène regarde la main, elle est en transe...
- Th. : Et maintenant Marlène, je vais vous demander de zoomer sur la partie de la scène où “FORCÉE” est la plus présente. Qu’est-ce que vous voyez là maintenant ?
- M. : Sa main.
- Th. : OK... Portez uniquement votre attention maintenant sur “main qui force”, là devant vous. Et maintenant, pendant qu’une partie de vous porte son attention sur “main qui force”, je vais demander à vos yeux de suivre mes doigts (je fais des mouvements oculaires droite-gauche/ gauche-droite)...
- Th. : Et maintenant, je vais approcher ma main de plus en plus près (j’internalise en pointe “main qui force” dans sa poitrine... j’enchaîne sur des mouvements oculaires, ses yeux suivent mes doigts)...
- Th. : Très bien... Comment ça réagit là maintenant en retour dans votre corps, Marlène ?
- M. : C’est mieux, c’est plus calme.
- Th. : OK Marlène, et quand vous me dites “là c’est plus calme”, il est où ce “plus calme” dans votre corps ?
- M. : Il est là (sa main se dirige vers sa poitrine)...


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Karine FICINI

Sexothérapeute, psychothérapeute, sage-femme en cabinet libéral à La Roche-sur-Yon. Formée en sexologie, diplômée d’un DIU à l’université de Nantes ainsi que d’un diplôme national de sexologie. Formée en hypnose, HTSMA (TLMR) et en thérapie narrative à l’Institut Mimethys de Nantes.

Commandez la Revue Hypnose & Thérapies brèves n°69

N°69 : Mai / Juin / Juillet 2023

Sommaire de ce n°69 présenté par Julien Betbèze, rédacteur en chef:

Quel plaisir de lire un texte de Dominique Megglé sur un sujet comme l’hypnose profonde.
En quelques lignes, il nous fait comprendre l’importance de ce type de transe. Savoir la reconnaître, savoir la demander, oser faire des suggestions directes, être attentif à l’amnésie et donner des suggestions post-hypnotiques : tous les lecteurs de Dominique Megglé savent que ces points sont au centre du travail d’Erickson et qu’ils permettent d’accéder à la singularité créative du sujet. Une leçon de clinique hypnotique pour améliorer notre pratique !

Après nous avoir montré l’importance de retrouver la relation dans le travail de deuil, François Cartault prolonge son propos en montrant la nécessité de créer du sens à partir des valeurs partagées avec le défunt. Nous voyons comment cette conversation reconnecte le sujet avec ce qui était vivant pour lui dans l’histoire passée et rend possible le développement de nouveaux chemins de vie.

Isabelle Philippe s’appuie sur le travail de François Roustang pour nous faire découvrir la transe cognitive auto-induite (TCAI), terme utilisé par Corine Sombrun pour nommer, dans notre culture occidentale, ce qu’elle a expérimenté dans la transe chamanique. Cet article nous permet de comprendre comment s’organisent l’expérience et les perceptions lors de TCAI et le lien avec une vision de l’hypnose comme modalité de la vie.

Karine Ficini nous expose comment retrouver sa capacité désirante après des épisodes de maltraitance sexuelle. Michel Lamarlère décrit, avec plusieurs exemples cliniques, le rôle de la réification et de l’externalisation du contexte pour faire émerger de nouvelles significations porteuses de sens ; il souligne l’importance de rester dans une position de ''non-savoir'' pour accompagner le processus de réassociation. Enfin Géraldine Garon nous donne une nouvelle lecture d’Harry Potter où des ponts se créent entre magie et thérapie, la ''pensine'' prenant des airs d’externalisation. Et comme le dit le professeur Dumbledore : ''Il suffit d’extraire les pensées inutiles de son esprit et de les déverser dans cette bassine pour pouvoir les examiner plus tard tout à loisir'' ; J. K. Rowling nous rappelle que le changement ne se résume pas à des techniques ou à des tours de magie : la relation humaine reste la vraie star d’Harry Potter.

Et n’oubliez pas les rubriques habituelles, Stefano Colombo et Muhuc nous plongent dans l’ivresse des profondeurs, Sophie Cohen nous ''en-chante'', Adrian Chaboche s’autorise à ne pas savoir, et Nicolas D’Inca nous incite à prendre soin de nos démons intérieurs.

Espace : Douleur Douceur
. Marc Galy révise le stoïcisme !
Les ingrédients de la relation thérapeutique tels que proposés par Marc Galy, à savoir : la présence, la posture juste, l’écoute non armée, l’espace de l’attente, nous font clairement sentir que la résilience est la force de la faiblesse.

. Marie-Anne Jolly tisse des liens
. La corporéité, au cœur de la rupture, entre le savoir objectivant et la parole singulière. Le sujet ne fait l’expérience de la relation positive avec le thérapeute en tant qu’être humain et non seulement comme patient que dans la mesure où il va intégrer corporellement les intentions positives du thérapeute et c’est là que l’accordage peut se mettre en place.
Comme nous l’enseigne Julien Betbèze, plus je suis en relation avec l’autre, plus je suis en relation avec moi, cela signifie que plus je suis en relation avec l’autre (je rentre dans son monde, je lâche prise) et plus je suis en relation avec moi, plus je suis libre. Et plus je suis en relation avec moi, tout en étant différent de ce qu’est l’autre, plus l’autre est en relation avec moi (il est alors en capacité d’accueillir les intentions positives dans ma différence). Je suis créatif non pas contre lui mais pour agrandir notre relation. L’un et l’autre sont libres dans un mouvement plein de relations, dans une nécessité de relation. S’il n’y a pas ce partage affectif, on ne peut pas exister en tant que sujet. Tous les processus de réassociation qui permettent au sujet de se sentir incarné et libre passent par cette relation sécure à l’autre, le sujet se sentant validé dans son existence et autorisé dans ses prises d’initiative à construire un monde plein de sens.

De façon très habile, Marie-Anne Jolly fait intervenir le prisme de la théorie polyvagale dans le processus de ré-association et de ré-accordage.

. Philippe Rayet prend le taureau par les cornes pour le plus grand bien de sa patiente. Une spectaculaire guérison d’une douleur post-traumatique en quatre heures ! Philippe Rayet nous fait entrer de plain-pied dans l’arène d’un syndrome douloureux dont souffre l’agricultrice Michèle, bousculée par une vache. C’est par la maîtrise de l’hypnose et de l’EMDR que l’auteur nous présente tout le déroulé du soulagement de sa patiente. Sa finesse clinique lui enjoint de croire à juste titre qu’une douleur n’est jamais neuve. Philippe Rayet ne se contente pas en effet de permettre le soulagement total des symptômes, mais il s’enquiert par l’anamnèse de mieux comprendre le terrain qui a favorisé la dimension traumatique. Son oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, peut être qualifiée de divine douceur. Je ne peux que souscrire au titre très parlant de son article : ''Victime d’une vache, elle boit du petit lait'' grâce à l’hypnose... et j’ajouterai : voici une thérapie vachement bien menée !

Crédit photo © Suzan RAYFELD

Laurent GROSS
Hypnothérapeute, Formateur en EMDR - IMO à Paris, Marseille, Annecy, Bordeaux, Suisse (Genève,... En savoir plus sur cet auteur

Rédigé le 11 Août 2023 à 12:21 | Lu 969 fois




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